Chapitre 1: la littérature
Section 2: La littérature française traduite en japonais
La première œuvre littéraire française traduite directement de l'original en japonais fut Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne (1828-1905) en 1878 (an 11 de l'ère Meiji) par KAWASHIMA Chunosuke (1853-1938). Par la suite, de nombreuses œuvres furent traduites du français ou de l'anglais et publiées avec succès, à comencer par les romans populaires, tels que ceux des Dumas (père, 1802-1870, et fils, 1824-1895) et de Victor Hugo (1802-1885), et la littérature naturaliste d'Émile Zola (1840-1902) et Guy de Maupassant (1850-1893). Cependant, nombreuses parmi ces traductions étaient soit abrégées, soit modifiées de sorte à donner aux personnages des noms japonais voire même, dans les cas les plus extrèmes, à transposer l'action au Japon, donnant ainsi naissance à des adaptations plus qu'à des traductions. On voit là les tâtonnements des traducteurs cherchant à transmettre le charme de l'œuvre originale à des lecteurs encore peu familiers avec les histoires situées en terres étrangères.
Les débuts de la traduction
Jules Verne, KAWASHIMA Chūnosuke (Tr.), Hachijūnichikan sekai isshū, KAWASHIMA Chūnosuke, 1880 [26-212]
Le présent ouvrage est la première traduction en japonais du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne et la première œuvre littéraire française traduite directement depuis le texte original. Son traducteur, KAWASHIMA Chunosuke, mit à profit sa maîtrise du français acquit au chantier naval de Yokosuka en travaillant tout d'abord comme interprète, pour la filature de soie de Tomioka par exemple, avant de changer de secteur d'activité pour devenir banquier. Il débuta cette traduction alors qu'il effectuait un voyage en Occident comme interprète d'une délégation venue vendre du fil de soie. KAWASHIMA acheta à cette occasion la version anglaise de l'œuvre qui vint en complément de l'original français qu'il avait déjà pu acquérir au Japon. Il se servit alors des deux versions pour entreprendre le travail. À son retour, il utilisa ses propres fonds pour commander la publication de la première moitié au département Édition de l'école Keio Gijuku, seulement 5 ans après la publication de l'original. L'ouvrage connaissant un certain succès, l'école prit à sa charge les frais pour la publication de la seconde moitié. Grâce aux descriptions des différents lieux visités par le personnage principal du roman, Phileas Fogg, les lecteurs japonais purent découvrir la diversité des cultures existant dans le monde, mais également constater que dans cette époque moderne, les pays technologiquement avancés, riches et militairement forts possédaient une position prédominante. Par la suite, de nombreuses œuvres de Verne furent traduites en japonais.
Les Dumas père et fils
SEKI Naohiko (Tr.), Seiyō fukushū kidan 1, Kinkōdō, 1887 [23-31]
Cet ouvrage est la première traduction japonaise du chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo. Son traducteur, l'avocat et homme politique SEKI Naohiko (1857-1934), était à l'époque journaliste pour le Tokyo Nichinichi Shinbun. Le Comte de Monte-Cristo est une œuvre monumentale en 117 chapitres qui raconte la vengeance d'Edmond Dantès, un homme injustement mit en geôle mais qui parvient à s'évader et à prendre possession d'un trésor lui permettant de se cacher sous l'identité du dénommé comte de Monte-Cristo. Cette traduction s'arrêta malheureusement après seulement 13 chapitres, après l'emprisonnement de Dantès. En dépit de commentaires laissant présager une suite, celle-ci ne fut jamais publiée. En dehors de cet ouvrage, de nombreuses œuvres de Dumas père furent publiées au Japon, dont Les Trois mousquetaires.
Seisei koji et Tenkō itsushi, Shinpen tasogare nikki, Shinshindō, 1885 [特41-991]
Cet ouvrage est une traduction de La Dame aux camélias, l'un des premiers romans écrits par Alexandre Dumas fils, réalisée par le traducteur et homme de lettres KOMIYAMA Keisuke (aussi connu sous les noms Seiseikoji et Tenko, 1855-1930). L'œuvre raconte l'histoire de la courtisane Marguerite, surnommée la « dame aux camélias » pour son attachement pour ces fleurs, sa rencontre avec le jeune et candide Armand, leur éveil à l'amour vrai, leur séparation forcée et, finalement, sa mort tragique causée par la tuberculose qui la rongeait. Comme KOMIYAMA le précise dans la préface (« J'ai transposé l'action dans notre pays afin d'en faciliter la lecture »), il s'agit d'une adaptation se déroulant au Japon, dans laquelle Marguerite fut renommée Haru et Armand devint MINASE Seinojo. Par ailleurs, les illustrations incluses dans l'ouvrage dépeignent elles aussi des paysages et scènes dans le style japonais.
Alexandre Dumas, KATO Shihō (Tr.), Tsubaki no hanataba, Shun'yōdō,1889 [特11-275]
Cet ouvrage est une autre traduction de La Dame aux camélias écrite par KATO Shiho (1856-1923), journaliste au Yomiuri Shinbun, et publiée dans la revue Shōsetsu Suikin puis en volume relié. Cette revue diffusa également un autre de ses travaux : la toute première traduction des Trois mousquetaires (sous le titre San'nin Jūsotsu) d'Alexandre Dumas père. La présente traduction garde les noms originaux (transcrits en caractères chinois) et la France pour théâtre. Marguerite, qui portait toujours sur elle une fleur de camélia, est ici surnommée Tsubaki Musume (« la fille aux camélias »), le surnom à présent établi de Tsubaki Hime n'apparaissant qu'avec la traduction de 1903 (an 36 de l'ère Meiji) réalisée par OSADA Shuto (1871-1915)et publiée sous ce même titre [新別つ-2]. Ce roman, traduit à de nombreuses reprises, est l'unique œuvre de Dumas fils à avoir reçu un accueil chaleureux au Japon.
Émile Zola et le naturalisme
[Emile Edouard Charles Antoine Zola], NAGAI Kafu (Tr.), Joyū Nana, Shinseisha, 1903 [78-42]
Le présent ouvrage de NAGAI Kafu, publié en tant que 1er volume de la « Collection de littérature du XIXème siècle », regroupe en un livre une version abrégée du roman Nana d'Émile Zola, la nouvelle L'Inondation, ainsi qu'un essai intitulé Emīru Zora to sono shōsetsu (lit. « Émile Zola et ses romans »). La couverture, illustrée par le peintre HIRAFUKU Hyakusui (1877-1933), représente une femme devant très probablement être l'héroïne du roman. Joyū Nana (lit. « L'actrice Nana »), selon le titre donné à cette traduction, dépeint sans fard la vie d'une femme qui, passant d'actrice à courtisane, entraîna la perte des hommes de la haute société qu'elle charma avant de s'éteindre elle-même encore jeune. Zola, considéré comme le chef de file du naturalisme français, avait à cette époque une influence marquée sur les œuvres de Kafu et joua un rôle important dans le développement de ce dernier en tant écrivain. Sa méthodologie inspira d'autres auteurs, citons notamment KOSUGI Tengai (1865-1952) et TAYAMA Katai (1872-1930), et permit au naturalisme japonais de voir le jour.
Les diverses traductions des Misérables
Victor Marie Hugo, KUROIWA Ruikō (Tr.), Ā mujō, Husōdō, 1906 [26-371]
Cet ouvrage est une traduction du chef-d'œuvre de Victor Hugo, Les Misérables, réalisée par KUROIWA Ruiko (1862-1920), le fondateur du journal Yorozu Chōhō [新-515]. Ruiko, qui souhaitait attirer de nouveaux lecteurs, jugea indispensable de publier dans le quotidien une œuvre attrayante. C'est ainsi que Les Misérables y parut d'octobre 1902 (an 35 de l'ère Meiji) à août 1903, avant une publication en 2 tomes en 1906. L'adaptation de Ruiko, qui mit l'accent sur la facilité de lecture au détriment de l'exactitude de la traduction, conserva les grandes lignes du texte original mais modifia audacieusement la structure et l'expression afin de correspondre aux préférences japonaises de l'époque. Renommé assez librement Ā mujō (lit. « Oh, misère ! »), l'ouvrage raconte toujours la vie tumultueuse de Jean Valjean, bagnard enfermé 19 ans pour avoir volé un pain mais qui s'amende une fois libre. Cette version, considérée comme étant propre au style de Ruiko, bien accueilli par les lecteurs, eut une grande influence sur les traductions qui suivirent, de même que Gankutsuō (lit. « Le Roi des rochers »), l'adaptation du Comte de Monte-Cristo par le même auteur,.
TOKUDA Shūsei (Tr.&Ed.), Aishi, Shinchōsha, 1914 [340-46- (3)]
Cet ouvrage, publié par la maison d'édition Shinchosha en tant que 3ème volume de la « Collection des contes occidentaux les plus impressionnants », est une traduction des Misérables produite par le romancier TOKUDA Shusei (1871-1943). « Notre objectif est de tirer l'essentiel de ces œuvres monumentales afin de les faire tenir dans un volume de la taille de la main. Nous nous efforçeons non seulement de respecter l'histoire, mais également de transmettre l'atmosphère du texte original » ; comme le précise cet extrait de l'introduction consacrée à la philosophie de cette collection, il s'agit d'une version abrégée. Elle fut rééditée en 1918 (an 7 de l'ère Taisho) sous un nouveau titre, Aishi Monogatari (lit. « Histoire triste ») [31-740]. Depuis sa première traduction en 1887 (an 20 de l'ère Meiji), Les Misérables est une œuvre à la popularité intarissable qui connut de nombreuses publications jusqu'à nos jours.
La venue au Japon de Pierre Loti
Pierre Loti, IIDA Kirō (Tr.), Okame hachimoku, Shun'yōdō, 1895 [45-277]
Pierre Loti (de son vrai nom Julien Viaud, 1850-1923) parcourut le monde pendant des dizaines d'années en tant qu'officier de la marine formé à l'École navale. Il se basa sur ses voyages pour produire de nombreuses oeuvres. Parmi celles-ci, Japoneries d'automne est un recueil d'essais sur les expériences vécues lors de son séjour au Japon à l'automne 1885 (an 18 de l'ère Meiji). Le présent ouvrage regroupe les traductions, effectuées par IIDA Kiken (1866-1938), d'une sélection de ces essais dont une version retouchée d'Un bal à Yeddo, publié originellement dans la revue Fujo Zasshi [雑51-61] en 1892. Le titre de ce recueil, Okame Hachimoku (« Observations d'un spectateur »), fait référence à la position de Loti en tant qu'étranger. Il s'agit de traductions assez libres dans lesquelles se retrouvent les opinions de Kiken. Un bal à Yeddo décrit l'expérience vécue par Loti d'un bal à l'occidental organisé au Rokumeikan pour l'anniversaire de l'empereur en novembre 1885. Il s'agit d'une œuvre précieuse pour sa description détaillée d'une facette de l'histoire de l'occidentalisation du Japon. Pour l'anecdote, AKUTAGAWA Ryunosuke (1892-1927), fit apparaître Loti dans sa nouvelle Butōkai (lit. « Le Bal »).
[Pierre Loti], TSUTSUI Jun (Ed.), Okiku fujin, Seishindō shoten, 1902 [139-198 (洋)]
Cet ouvrage est la première traduction du roman Madame Chrysanthème de Pierre Loti. Son héroïne prend pour modèle la jeune japonaise Okane, qui habita avec Loti à Nagasaki durant son premier séjour au Japon en 1885 (an 18 de l'ère Meiji). Écrit sous la forme d'un journal, il décrit du point de vue exclusif de Loti le Japon et Chrysanthème. Bien que ce roman fût un best-seller en France en pleine vague du japonisme, Loti, convaincu de la supériorité de la civilisation occidentale, y brossa un tableau parfois aigre qui fut par la suite critiqué pour ses préjugés envers le Japon.
Le présent ouvrage fut conçu comme un livre de lecture destiné aux étudiants en anglais avec, en parallèle, une version anglaise commentée et sa traduction japonaise. Son contenu fut fortement abrégé ; en particulier, on ne trouve plus trace des remarques négatives envers le Japon.
La littérature destinée à la jeunesse
François de Salignac de La Mothe- Fènelon, MIYAJIMA Harumatsu (Tr.), Teremaku kafuku monogatari, Daiseidō, 1879-80 [特40-617]
Cet ouvrage est la première version japonaise des Aventures de Télémaque de l'homme d'Église François de Salignac de La Mothe-Fénelon (1651-1715) et l'une des premières œuvres de la littérature française traduites en japonais. Il fut traduit par MIYAJIMA Harumatsu (1848-1904), fonctionnaire qui s'impliqua également dans l'introduction au Japon d'ouvrages militaires français. Cette version s'arrête à son 8ème volume, qui couvre environ le tiers de l'œuvre originale. Écrit comme roman didactique inspiré de l'Odyssée d'Homère à l'attention du duc de Bourgogne (1682-1712), petit-fils de Louis XIV (1638-1715), il s'agit d'un conte ayant pour thème le souverain idéal. Il met en scène les nombreuses aventures de Télémaque accompagné de la déesse Minerve, déguisée sous les traits de Mentor, ami d'Ulysse, le père du héros. Cette version ajoute une touche japonaise à l'œuvre en écrivant le nom des protagonistes en caractères chinois et en incluant des illustrations dans le style des peintures de l'archipel.
Marie Le Prince de Beaumont et al, INOUE Kan'ichi et YANO Ryūkei (Tr.), Seiyō senkyō kidan, Tōyōdō, 1896 [68-403]
Cet ouvrage est un recueil de contes pour enfants regroupant des œuvres d'écrivains français dont Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (vers 1695-1755), Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780) et surtout Charles Perrault (1628-1703) et ses Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités. Parmi les contes de Perrault, ce recueil inclut pour la première fois en japonais La Barbe bleue, La Belle au bois dormant et Le Maître chat ou le Chat botté, accompagnant des œuvres déjà connues telles que Cendrillon. Les illustrations de style nippon de YAMAMOTO Shoun (1870-1965) qui accompagnent les histoires bien occidentales donnent une impression singulière d'éclectisme à cet ouvrage, à l'image de la scène du prince découvrant la belle endormie sur son « lit » où aussi bien les vêtements que le mobilier sont typiquement japonais.
Jules Verne, MORITA Shiken (Tr.), Jūgo shōnen, Hakubunkan, 1896【 [74-24]
Cet ouvrage est la première traduction japonaise du roman de Jules Verne Deux ans de vacances, qui conte l'histoire de 15 jeunes naufragés sur une île déserte pendant 2 ans. Cette version fut tout d'abord publiée en feuilleton dans le magazine pour adolescents Shōnen Sekai [Z32-B239] avant d'être regroupée en un seul volume. Son auteur, le « roi de la traduction » MORITA Shiken (1861-1897), était un journaliste au Yūbin Hōchi Shinbun qui, de retour d'une croisière en occident en 1886 (an 19 de l'ère Meiji) connut le succès en publiant des traductions dans la colonne divertissement du journal et d'autres revues. La présente œuvre est l'un de ses travaux majeurs, en dépit d'être une traduction indirecte depuis l'anglais. En s'appliquant à obtenir la traduction la plus fidèle possible à l'original tout en ayant recours à une forme perfectionnée du « style méticuleux », écriture particulière rappelant le rythme du kanbun, le chinois classique utilisé au Japon, Shiken remit en question la tendance de l'époque à produire des adaptations se permettant les plus grandes libertés.
Hector Henri Malot, KIKUCHI Yūhō (Tr.), Ienakiko, Shun'yōdō, 1912 [329-128]
Cet ouvrage est une traduction de Sans famille d'Hector Malot réalisée par le romancier et journaliste à l'Osaka Mainichi Shinbun, KIKUCHI Yuho (1870-1947). Il fut tout d'abord publié en feuilleton dans ce même journal, avec succès, dans le cadre de sa série de romans destinés à la famille. Sans être une traduction littérale, cette version suit presque parfaitement le contenu du texte original. Elle établit par ailleurs le titre Ie naki Ko (lit. « L'Enfant sans foyer ») par lequel l'œuvre est toujours connue au Japon. Le roman raconte l'histoire de Rémi, jeune garçon élevé par sa mère adoptive Mme Barberin sans savoir qu'il est orphelin, puis qui mène une vie vagabonde avec le vieux musicien ambulant Vitalis. À la mort de ce dernier, Rémi est confronté à une série de difficultés qu'il parvient à surmonter avant de finalement retrouver sa mère biologique. Ainsi, il s'agit avant tout d'un roman d'apprentissage qui dépeint la croissance de son personnage principale ; toutefois, un autre point d'intérêt se trouve dans la description des diverses régions françaises visitées par Rémi au cours de son voyage. Notons que cette version remplace les noms français par des noms japonais : Rémi devient « Tami » et Mme Barberin, « Nao ».
Antoine de Saint-Exupéry, NAITŌ Arō (Tr.), Hoshi no ōjisama, Iwanami shoten, 1953 [児953.8-Sa22]
Cet ouvrage est la toute première traduction du Petit Prince, roman d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) publié en 1943. Saint-Exupéry était un aviateur pour des compagnies aériennes privées et de service postal qui rencontra un grand succès grâce à ses œuvres basées sur ses propres expériences, accompagnées parfois de grands risques. Il disparut en juillet 1944, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, alors qu'il effectuait une mission dans le sud de la France en tant que membre de l'escadrille de reconnaissance des Alliés.
L'œuvre raconte, dans un style poétique employant l'allégorie, la relation entre le narrateur, un aviateur ayant dû faire un atterrissage forcé dans le désert du Sahara, et un « prince » venu d'une autre planète. Elle fut publiée en 1943 simultanément en français et en anglais, à New York, puis devint un best-seller après la disparition de l'auteur un an plus tard. Elle fut traduite dans plus de 130 langues. La version japonaise, due au chercheur en littérature française NAITO Aro (1883-1977), fut publiée en 1953 (an 28 de l'ère Showa) sous le titre Hoshi no Ōji-sama, « Le Prince des étoiles ». C'est un roman toujours très apprécié de nos jours par de nombreux lecteurs japonais. Les illustrations dépouillées qui agrémentent le texte sont l'œuvre de Saint-Exupéry lui-même.
La traduction de la poésie française
UEDA Bin (Tr.), Kaichōon, Hongōshoin, 1905 [98-192]
Le présent ouvrage est un recueil de poèmes traduits par le poète et chercheur en littérature anglaise UEDA Bin (1874-1916). Il regroupe 57 œuvres de 29 poètes européens, principalement de l'époque moderne, parmi lesquels 14 français. Il fit forte impression sur le monde de la poésie japonaise en apportant un souffle nouveau à l'habituelle poèsie de « nouveau style » de l'ère Meiji grâce à de nouvelles formes et de nouveaux rythmes poétiques, en plus d'introduire pour la première fois le symbolisme français. Cet ouvrage fut le précurseur d'une série de recueils de poèmes traduits, de Sangoshū (lit. « Anthologie du corail ») [338-148] de NAGAI Kafu publié en 1913 (an 2 de l'ère Taisho) à Gekka no Ichigun (lit. « Figures au clair de lune ») [531-30] de HORIGUCHI Daigaku (1892-1981) en 1925, qui jouèrent un rôle majeur dans le développement de la poésie japonaise moderne. Concernant cet ouvrage, notons en particulier la traduction de Chanson d'automne de Paul Verlaine (1844-1896), Rakuyō (« La Feuille morte »), qui jouit d'une grande renommée.